Si notre Histoire nous était contée

par Paul DAVID
Un peu d’histoire ! Il semble que les implantations humaines aient commencé sur le territoire de Saint Aubin il y a environ 5 000 ans. Les nombreuses haches de pierre et les pointes de lances en silex, trouvées dans les champs, laissent supposer que pendant des siècles, des tribus préhistoriques vécurent sur le territoire de la Commune. Les regroupements en villages se faisaient plutôt au bord des rivières, comme à Saint Jean de Beugné, ou à Thiré où subsiste un dolmen qui date de cette période.

Durant le 1er millénaire avant JC, s’installent de loin en loin des fermes un peu plus conséquentes, à Sainte Hermine et Pouillé, pour celles que l’on connaît. Il faut bien dire que pour ces temps reculés notre découpage moderne n’a aucun sens.

Bientôt ce sera l’occupation romaine. Les Gaulois avaient construit «Le chemin vert» ; les Romains l’améliorèrent. Cette voie reliait Limoges (Augustoritum) à Jard. Ce serait maintenant le Chemin dit de Fontenay à Mareuil. Nos terres sont alors en territoire Picton dont la capitale est Lemonum, autrement dit Poitiers, alors que de l’autre côté du Lay commence le territoire des Ambilâtres qui appartiennent à la famille armoricaine, et qui se montreront plus réfractaires à l’occupant.

C’est avec la paix romaine que notre territoire entre vraiment dans l’histoire. Une villa, véritable ensemble immobilier ordonné, maçonné, vaste, est construit dans les premiers siècles de notre ère, aux Vieilles Eaux. Elle est à proximité du « Chemin Vert » qui sert alors au commerce du sel et des céréales de la plaine. D’autres villas existent à Sainte Hermine et probablement à Thiré en bordure de la Smagne.

L’ordre et le développement reviennent au début du second millénaire avec la période féodale. C’est probablement à cette époque que les exploitations se regroupent en bourg pour la mise en commun des rares point d’eau ; Saint Aubin est construite sur une éminence (altitude 48 m), première dénivellation sérieuse depuis la mer.

 

Cavolleau, célèbre secrétaire de la Préfecture sous l’Empire, écrira dans sa Statistique de la Vendée, que la plaine lui apparaissait « comme une plage encore sillonnée à sa surface, par les ondulations des flots… ». Point de grandes de grandes seigneuries (Saint Aubin se situe dans les confins du comté de Thouars) ou monastères dans la plaine, mais la culture des céréales et de la vigne se développent. Les terres sont pour l’essentiel des sous-fiefs appartenant à quelques familles non résidentes ou des biens d’Église.Les guerres de religions sèment le trouble dans la région parcourue par des bandes armées. L’Église est endommagée par un incendie du à une troupe protestante en 1565. Les plus vieilles maisons du village datent de cette période. Au cours de la Révolution, la population ne se manifesta pas particulièrement. On ne voyait pas d’un plus mauvais œil les troupes royalistes ou républicaines ; on craignait autant les unes que les autres, et surtout on surveillait les poulaillers. Pendant un temps des réfugiés de Mouchamps, probablement des protestants vinrent se mettre à l’abri à Saint Aubin. La population est toute dans le bourg, à l’exception de deux fermes isolées : Talgon et les Vieilles Eaux, groupement dû à la rareté de l’eau. Les 18 puits dont 4 communaux, font de 30 à 45 m de profondeur. L’activité y a longtemps été exclusivement agricole, culture et élevage. En 1950, 30 exploitations de 15 à 80 ha se partageaient les 1 100 ha environ de la Commune. À ce jour elles ne sont plus que 9 et l’activité d’élevage ne se rencontre plus que dans 3 exploitations.

Saint Aubin durant la seconde guerre mondiale. Les premiers réfugiés du nord et de l’est de la France ont commencé à arriver dès 1939, mais le mouvement de grande ampleur a lieu durant le second trimestre 1940.

Ces arrivées massives mobilisent la population pour loger et nourrir ces compatriotes qui pour la plupart repartiront assez rapidement. Quelques uns cependant s’installent pour plusieurs années.

Les troupes allemandes arrivent en juin 1940 et font rapidement l’inventaire des possibilités de logement. L’école est réquisitionnée ainsi que des chambres ou des bâtiments agricoles. La présence des occupants, certes désagréable, particulièrement pour ceux qui hébergent des soldats ou leurs matériels, ne se passe pas trop mal. Un officier allemand qui avait trop bu et fait du scandale aurait reçu la pire des sanctions : être envoyé sur le front russe.

Madame ROUILLON qui tient l’épicerie/café/bureau de poste, dite « madame Café-Poste » par ses clients militaires, doit bien surveiller les chapardeurs. Il arrive qu’à l’occasion d’un mariage les soldats s’associent à la fête en tirant des coups de fusil en l’air selon la pratique traditionnelle. En retour ils auront de la galette et un coup de vin blanc. Mais la fraternisation occasionnelle ne se fait guère qu’à la cave… entre paysans.

La défaite transforme les hommes mobilisés en 1939 en prisonniers. A Saint-Aubin il y en aura 14 : 11 passeront cinq ans en Allemagne, dont un jusqu’en Prusse orientale (actuelle Pologne), il sera libéré dans un contexte périlleux par les Soviétiques et reviendra par le port d’Odessa. Il y a de nombreux mouvements de troupe, parfois de très jeunes gens ; on y comptait de nombreux polonais. L’intendance était assurée par les services de l’État-Major de la 158ème division d’infanterie de réserve installé début 1943 dans le village voisin de Sainte Gemme la Plaine. Il y eut jusqu’à 200 soldats présents, mais le plus souvent beaucoup moins. Outre les périodes de manœuvre, les soldats assuraient des opérations de surveillance ou plus simplement d’intendance par exemple veiller sur les nombreuses réquisitions (fourrage, paille chevaux de trait, céréales, beurre, œufs, légumes, …) qu’il fallait livrer en charrette généralement à la gare de Luçon. Un petit observatoire en bois dont l’accès final se faisait par une échelle, avait été bâti sur le clocher, d’où la vue est très dégagée jusqu’à la côte. Un soldat équipé d’une lunette monoculaire à poste fixe surveillait l’horizon à longueur de journée. Les nécessités de défense des côtes amènent les allemands à prévoir trois lignes de défense : des blockhaus sur la côte, de l’artillerie mobile en retrait, et enfin à une trentaine de kilomètres une ligne qui ne sera jamais achevée consistant notamment en la plantation de pieux, distants d’une vingtaine de mètres, d’abord de 4 mètres de long et 30cm de diamètre à enfoncer dans le sol à une profondeur de 1 mètre ; en raison des pénuries la longueur sera ramenée à 3,5 mètres, puis 2,2 et enfin 1,5 mètre et un diamètre de 20 cm. Ces piquets destinés à gêner les parachutages, mais surtout les atterrissages (sans compter la gêne pour les travaux des champs !) étaient surnommés les « asperges de Rommel ». Saint Aubin et Saint Jean de Beugné ont été concernés en 1943 et 1944. Les jeunes gens à partir de 16 ans jusqu’aux anciens combattants de 14-18 étaient requis une semaine sur deux, par groupe de 4 ou 5 équipes de 2 sous la surveillance d’un soldat, soit pour couper le bois dans les forêts de Sainte Hermine ou de Sainte Gemme, soit pour les planter dans la plaine en direction de Luçon. Puis en août 1944 (débarquements de Normandie et de Provence, libération de Paris) c’est le repli précipité des soldats stationnés, souvent vers La Rochelle ; quelques-uns n’hésitent pas à s’emparer des bicyclettes qu’ils trouvent. En 1945 c’est le retour des prisonniers.